Le 27
Mai dernier, le problème des pesticides était au cœur de notre débat citoyen.
Dans notre compte-rendu, nous nous sommes réjouis que des
agriculteurs utilisateurs de ces produits se soient déplacés et acceptés
d'échanger avec nous sur cette question.
Par
contre, nous regrettons que l'expression “les concernés“ utilisée dans ce
compte-rendu ait pu être perçu par certains d'entre eux comme une volonté de
les stigmatiser. Bien au contraire, les dangers des pesticides pour les
utilisateurs eux-mêmes ont été abordés amplement au cours du débat. Et si tous
les citoyens sont concernés par cette question des pesticides, les agriculteurs
qui les utilisent sont eux doublement concernés, comme utilisateurs et comme victimes
potentielles. Nous dénonçons avant tout les pratiques imposées par les
industriels de la chimie agricole aux agriculteurs et le laisser-faire de l’État.
C'est
tout ce que nous posons sur la table et nous voulons juste que le maire et les
conseillers agriculteurs prennent leurs responsabilités vis-à-vis de leurs
concitoyens et collègues. On ne changera pas tout du jour au lendemain, mais on
peut ESSAYER de trouver des compromis raisonnables pour protéger la santé des
professionnels et des habitants tant que faire se peut !
En plein dans l'actualité ! Voici ce que l’on entendait sur France inter le jeudi 28
juillet 2016 au journal de 7h30 :
« Les agriculteurs, malades des pesticides ? Ici et là des études
pointent le danger pour la profession, mais sans qu'on ait un aperçu global et
fiable de la situation. Pour y voir plus clair, l’ANSES, l'Agence nationale de
sécurité sanitaire, s'est autosaisie du sujet et a rendu au printemps un
rapport, agrémenté de recommandations. Un rapport qui sera présenté jeudi après-midi
à la ministre Ségolène Royal et qui montre à quel point l'usage des pesticides
progresse, et à quel point le danger de l'exposition des travailleurs agricoles
n'est pas pris en compte. »
Extrait du Rapport de l'ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire)
« En France, agriculteurs et travailleurs
agricoles, réguliers ou saisonniers, sont plus d'un million. L'agriculture
française, première d’Europe, est aussi une grande mangeuse de pesticides :
60.000 tonnes consommées en 2014.
C'est 5% de plus qu'en 2009, avec des doses toujours
plus massives, et donc de très gros soupçons de liens avec le cancer, les
maladies neuro-dégénératives et les troubles du développement. Des soupçons
mais finalement pas d'enquête globale, déplore l'ANSES. Pas d'évaluation du
risque et pas de guide de bonnes pratiques.
Pour l'agence, on ne peut évidemment pas s'en
tenir aux seules informations fournies par les industriels, forcément
réductrices. Il faut donc, d'urgence, produire des données fiables, encourager
la production d'enquêtes indépendantes de toxicité et centraliser ces
informations pour qu'elles deviennent lisibles et accessibles. Être plus sévère
aussi avant toute mise sur le marché de nouveaux produits.
Dans le même temps, l'ANSES recommande de mieux former les agriculteurs
aux dangers de l'exposition, mais surtout de limiter l'emploi des pesticides.
De fait, des programmes de réduction sont prévus en France mais l'agence
constate que ces plans visent d'abord à protéger l'environnement et à limiter
les résidus dangereux dans le produit final, pas forcément à protéger
l'agriculteur. Un produit moins dangereux pour l'environnement peut se révéler
dit-elle plus dangereux pour l'homme qui le manipule. »